JANIS-EN-SUCRE-Les-8-salopardsJe vous avais annoncé des évolutions pour 2016 niveau contenu du blog, et bien celle-ci en fait partie.

Je vous présence KIAUM ! Kiaum, c’est mon pote de long long time ago, diplômé de Louis Lumière, féru de cinéma et accessoirement, trash et fun de la discute. L’ami Kiaum ayant pour habitude de bien me faire marrer avec ses critiques ciné, je lui ai alors demandé s’il pouvait m’en écrire de temps en temps, histoire de vous en faire profiter aussi. (en espérant que ça vous plaise également). 🙂

Je vous laisse donc en sa compagnie avec cette première « critique » du film « les 8 salopards » de Tarantino . (« Critique » que j’ai d’ailleurs trouvée plutôt sobre, mais vous comprenez, c’est que le bonhomme n’a pas l’habitude de s’exposer devant une communauté de filles 😉 ).

Je vous ai même laissé son petit mot d’intro et son illustration, ça vous donnera une idée du personnage.

Hello miss, pour cette première incursion dans le monde du cinoche j’ai décidé de te parler du dernier Tarantino … oui je sais que tu aimerais que je fasse le récit de mon marathon Twilight, mais comme le souvenir de ce cauchemar me colle des coliques néphrétiques, tu comprends que je délaye un petit peu. Je commencerai donc par « hateful eight » ou « les 8 salopards » de par chez nous. On saluera la traduction merdeuse du titre, faisant écho aux « 12 salopards » n’ayant rien à voir, et aussi un peu aux « 7 mercenaires » qui doivent apprécier le parallèle.

La revue de KIAUM

« Les 8 salopards » (qui ne sont pas 8) est un huis clos tendu comme un repas de famille. De ceux où vous ne savez pas comment refuser que votre belle mère vous resserve de pleines plâtrées de sa tambouille dont elle se réjouit de vous gonfler le ventre jusqu’à la nausée. C’est fourbe et l’assemblée se jauge en souriant avec une seule envie … S’ENTRETUER.
Si vous connaissez cela et que … curieusement vous appréciez … alors vous adorerez ce film.

Pour resituer un peu, au fin fond du Far West, Samuel Jackson paumé en plein blizzard avec une pile de cadavres croise la diligence de Kurt Russell, ramenant une connasse patentée du nom de Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh) pour la faire pendre. Après un échange tendu type « flingue sous le pif » qui préfigure tous les autres, la petite équipe prend la route vers la ville de Red Rock avant laquelle ils doivent faire étape dans un refuge pour s’abriter de la tempête. En route ils croisent Mannix (Walton Sanders Goggons Jr), tête de peigne cul et péteux notoire aux dents Colgate, qui doit curieusement devenir le nouveau shérif du coin. L’histoire n’a pas commencée que chacun connaît déjà la réputation pourrav’ de l’autre ; l’ambiance ne s’en trouve que plus chaleureuse !

Pour parfaire ce sentiment de franche camaraderie, au refuge les attendent de belles tronches d’enfoirés, à commencer par les inénarrables Tim Roth et Michael Madsen dont il serait quand même con de croire qu’ils ne sont là que pour faire joli. Bref, ça sent tout de suite le pâté … et à raison évidemment, s’en suit une grande partie de Cluedo de 2H40 et si tu veux savoir la suite, ben t’as qu’à voir le film.

Son avis

Maintenant pour te donner mon avis, on est un peu face à l’enfant bâtard d’une curieuse partouze impliquant Reservoir Dogs, Django et les Basterds. Rien de grave, mais Tarantino avance en terrain conquit et joue avec paresse de ses propres codes. Même les moins cinéphiles le verront et si cela ravira certains fans, les autres en tireront surtout une impression gênante de déjà-vu.

Les protagonistes de cette fable du « tous pourri » que l’on peut lire comme des reflets de clivages réels et actuels, dressent un portrait curieux d’un monde sans héros, régit par le flingue, les thunes, la justice arbitraire et les arrangements honteux mais criant de vérité. Là où Django fustigeait le racisme, ce nouvel opus pointe la médiocrité de chacun (avec encore le racisme très présent), poussant le vice à n’épargner AUCUN de ses personnages, même si Samuel Jackson, pas gâté non plus, réussi à s’imposer bon gré mal gré en héros. Si tous ont leurs raisons, aucun n’a d’excuse si ce n’est la « normalité » apparente de l’indignité dans cet univers gelé, ou même la figure messianique de Lincoln en prend discrètement pour son grade (en soulignant subrepticement son racisme ordinaire à lui aussi). Coup de gueule géant contre les médiocres qui font tourner le monde en s’entre-dévorant, ou absolution de ces derniers en les magnifiant dans la nullité ambiante ? … difficile à dire …

Au final entre une violence exutoire de cartoon au ketchup (qui met du temps à venir mais n’y va pas de main morte) et des saillies limite vulgos (cf. les mésaventures du zizi de Samuel), le film manque de vrais instants cultes et souffre de la comparaison avec des séquences iconiques plus maîtrisées dans de précédents films de Tarantino. Ceux qui n’ont pas sa filmo en tête lui excuseront cet écueil, les autres verront là un échec pour un opus qui ambitionnait de pousser les duels de punchlines à leur paroxysme, avec un contexte et un format adapté. Tarantino s’est piégé tout seul.

On en sort comme on y est entré, avec la furieuse sensation que 2 heures auraient suffit. Reste une jolie photo (malgré le huis clos un peu pauvre), une musique intéressante (bien qu’en retrait) du légendaire Morricone, des extérieurs superbes, une belle interprétation et une intrigue amusante qui tient tout de même en haleine à défaut d’être renversante.

Quoi qu’on en dise, et même s’ils sont sympathiques, ces 8 salopards font quand même pâle figure face à ceux que l’on rencontrait dans les films de Sergio Leone, réal dont le spectre hante ce film sans pourtant le toucher de sa grâce, dommage !

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