les influenceurs et la politique

La légende du siècle nouveau (c’est comme le Beaujolais, mais en pire) raconte que nous serions tous HPI et pourtant, tous (ou presque) à guetter l’avis du Youtubeur populaire en terme de politique ou à tomber dans le panneau de la moindre blague grossièrement potache sur les réseaux.

Qui a dit que personnages politiques et influenceurs étaient incompatibles ? Pas eux en tout cas. Partis de tous bords comme star du net, les voilà fricotant ensemble pour nous servir la plus belle soupe indigeste qui soit. Vous pensiez que ces législatives ne pouvaient pas tomber plus bas ? C’était sans connaître les derniers rebondissements. 😉

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Maeva Ghennam & la politique

Récemment, voilà que Maeva Ghennam, notre « influenceuse-vagin » Dubaïo-Française, s’est sentie comme investie d’une mission suprême : faire de la pôôôlitchik ! J’imagine qu’avoir un beau vagin donne des ailes ! (Redbull, c’est so 2019).

La candidate de TV réalité made by NRJ12 raconte alors sur ses réseaux, avoir été contactée par « le cabinet de Jean-Luc Mélenchon » pour reprendre ses propres termes, la poussant ainsi à réfléchir pour se lancer dans le tourbillon magique du pouvoir.

Science-po ?

RINGARD !

NUL !

LOSERS !

À croire qu’être branchée « monologues du vagin » est devenu -LE- gage de qualité pour obtenir une certaine crédibilité. C’est qu’attention, la pôlitchik, c’est du sérieux !

Et même si quelques heures plus tard, après que la presse ait demandé des explications à l’influenceuse, la candidate a maladroitement tenté de faire machine arrière (et donc de se contredire) (non mais en fait Mélenchon ne m’a jamais contactée, « il est pas bête, il est intelligent. » 🤪 « mais votez quand-même pour lui hein ! – vous voyez … CRÉ-DIBLE !), vraie ou fausse, la nouvelle n’en reste pas moins burlesque. 

Enfin burlesque … pas tant, puisqu’à en croire l’influenceuse NRJ12, elle aurait également été contactée par le parti de Macron lors des présidentielles de 2022 pour demander à sa communauté (3,2 millions d’abonnés) d’aller voter pour le président actuel. Que ce type d’opération de communication soit rémunéré ou non (mais – les influenceurs donnent-ils dans le bénévolat ? 🤔), l’on comprend vite que la cible des 18-25 ans est à ne surtout pas négliger. Faudrait quand-même pas laisser s’envoler toutes ces voies ! Ce serait gâcher. 😉

Tout le monde et sa frangine s’empare alors de « l’affaire », à tel point que j’en fais une boutade agrémentée d’un merveilleux « PREAUF DE FRANSSAY » (ne laissant donc aucun doute sur la supercherie). Boutade d’affiche qui sera d’ailleurs reprise le lendemain par Booba. C’est dire si les choses s’emballent.

Même charte graphique que les présentations officielles, sorte de running-gag lancé sur Twitter (-X-) il y a plusieurs jours de cela, en appelant à l’imagination de chacun (dont la  mienne 😁) et mettant en scène tantôt « Jawad Bendaoud – Aubergiste«  ou encore « Daniel Cohn-Bendit – Auxiliaire de puériculture« , entre des centaines d’autres … Une petite blague qui a su divertir les internautes autant que la marmasse politique sait (néologisme … oui j’trouvais que ça sonnait bien) nous régaler depuis le début de ces législatives. Quel que soit le parti, quel que soit le bord, le « tout le monde veut prendre sa place » est devenu le mot d’ordre, briguant davantage l’obtention de son prochain poste que les devoirs qu’il implique.

Seul problème : de plus en plus de personnes deviennent comme crédules, endormies, prêtes à manger la soupe qu’on leur sert sans sourcilier. Sous tous ces posts ouvertement taquins, on lira ainsi plusieurs réactions d’anonymes (ou non d’ailleurs) pensant qu’il s’agit de véritables informations. (PREAUF DE FRASSAY, POUTINE … enfin, tout de même !!!). S’en suivront des articles pour signaler aux internautes que toutes ces affiches n’ont (évidemment!) rien de vrai.

On commence alors à toucher du doigt l’impact que peuvent avoir les blagues, rumeurs, informations ou non, peu importe d’où elles viennent et qui les véhiculent. Médias, journalistes, influenceurs, faux comptes, lignes de la main outillée du capitaine crochet … un vaste bordel à ciel ouvert en somme.

Maeva Ghennam et la politique - LFI Maeva Ghennam et la politique - LFI

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Maeva Ghennam, seule concernée ?

À en croire certains influenceurs, la méthode serait en fait plutôt courante et surtout très bien rôdée. C’est désormais Jeremstar qui en parle, non pas parce qu’il souhaite s’engager en pôlitchik mais au contraire, parce qu’il trouve la méthode plus que contestable (et c’est un euphémisme). 15 000 € pour 3 stories et 1 post, de quoi vous faire adorer n’importe quel parti, surtout si certains influenceurs n’hésitent pas à faire monter les enchères. Une éthique ? Des convictions ? Quel intérêt ?… Tout le monde le sait voyons, la seule éthique qui vaille, c’est celle de l’argent et des fins de mois bien garnies. 🤪 Amen.

Vos influenceurs adorés prennent la parole et vous disent quoi faire et pour qui voter ? Vous voilà désormais prévenu. L’engagement n’est pas nécessairement la motivation première pour claironner une instruction de vote, quelle qu’elle soit. 😉

Jeremstar, combien gagne un influenceur ?, les influenceurs sont ils payés pour donner leur avis en politique ?, squeezie, fausse affiche

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Et la réflexion dans tout ça ?

Sommes-nous tous en train de devenir HPI – Haut Potentiel d’Irréflexion ? La question mérite d’être posée.

Une question qui surprend autant qu’elle inquiète. Parce que même si l’exemple « Maeva Ghennam » se veut … anecdotique?, risible?, il s’intègre tout-de-même dans une société de consommation ou tout s’absorbe aussi vite qu’on ne swipe. Fast news food, nous voilà ! Vidéo TikTok de 15 secondes ? Trop long. Titre de plus 6 mots ? Trop long. Ta bite ? … Ah non, peut-être pas. Quoi que … Des info, toujours des infos, encore plus d’infos, partout, tout le temps. Et si possible du qui bouge et qui fait du bruit. Faudrait quand-même pas trop lire. Mais avoir la cervelle suffisamment sollicitée pour entretenir sa crise d’épilepsie cérébrale permanente sous hormones du plaisir, là, oui.

Il nous faut du prêt-à-penser, du rapide, du « non énergivore » qui nous maintient dans une constante absence de réflexion. Des logos, des couleurs, des notes de nutriscore et autres applis souvent soudoyées par les marques pour nous indiquer quel produit est le meilleur. Vite ! Hâte-toi d’acheter sans regarder Khallagan. De manger sans réfléchir. De voter sans comprendre. Un apprentissage à ne plus penser par soi-même en maternant le chaland autant que possible. Sorte de conditionnement opérant Pavlovien pour ne plus rien approfondir.

Le libre arbitre ? Pour quoi faire ? Maëva et son expertise politique sont là pour t’accompagner jusque dans l’isoloir.

Rassurant !

Dans ce contexte, est-ce alors si surprenant qu’il faille dire aux gens quoi faire et quoi penser ? Des gens influencés par des sonneurs de bonne-parole (YouTubeurs, influenceurs, endive au jambon … 🤷‍♀️), eux-mêmes influencés par les marques, les entreprises et autres politiques aux briefs bien rodés… Mais après-tout, ne sommes-nous pas tous le con de quelqu’un ?

Se sentir obligé de dire aux gens quoi faire et quoi penser, c’est insinuer qu’ils ont atteints un niveau de stupidité tel qu’il faille non seulement faire, mais aussi manger, la soupe à leur place. Ce n’est ni flatteur, ni rassurant. Et en même temps, est-ce si étonnant ? Rien n’est moins sûr …

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