Dans la vie, il existe plusieurs tabous : la sexualité de sa propre mère, qui a volé l’orange du marchand … et l’âge inscrit sur son passeport.
Plus que jamais, le jeunisme est de retour, et il frappe fort !
40 ans ? Cimetière.
30 ans ? Grabataire.
25 ans ? Début de la fin.
20 ans ? L’âge mûr !
Seul remède à cette surenchère pro-pustules, le syndrome Benjamin Button. Chacun y va de sa petite déformation calendaire, pour que chaque année passée laisse place à un âge plus adolescent encore.
Oui mais voilà, toute supercherie a ses limites ! Et bien souvent, ces limites viennent du menteur lui-même.
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Les limites physiques
Celles-ci s’observent dans la grande majorité des cas sur notre bonne vieille télévision et sont identifiables quasi instantanément. Peau tombantes, rides marquées, postures affirmées de femme d’expérience … autant d’indices que de demoiselles en mal de jeunesse. Les télé-crochets en regorgent et le public en redemande.
Georjyanca, 23 ans, chargée de missions dans les relations publiques.
(Comprenez Virginie, 31 ans, pouf d’accueil à mi-temps dans un centre commercial).
Georjyanca a décidé de tout plaquer pour se consacrer à sa passion : le chant.
(Virginie s’est faite virer après un deuxième avertissement pour une pause pipi trop longue et se dit que quitte à rater sa vie, autant la flinguer devant des millions de personnes dans « The Voice ».)
Georjyanca a toujours aimé la musique, qu’elle pratique d’ailleurs depuis l’âge de 18 mois.
(Virginie a toujours poussé de petits cris de pucelle pour réclamer son biberon).
Mesdames messieurs, avec un titre moderne qui lui ressemble, je vous demande d’accueillir GEORJYANCA !
(« Pour que tu m’aimes encore » de Céline Dion ).
L’on découvrira alors une femme aux rides que le maquillage ne parvient plus à camoufler mais qui, avec l’aplomb que seuls les désespérés ont, affirmera bec botoxé et ongles manucurés que si, elle a bel et bien 23 ans.
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Les limites discursives
Caractéristiques d’une naïveté débordante, ces pratiques sont pourtant plus répandues qu’il n’y paraît. C’est donc sans réflexion aucune, que certains se plaisent à exposer leur CV digne d’un presque trentenaire pour enfin conclure par un âge qui ne lui correspond pas. Ainsi, il n’est pas rare de lire ici et là des parcours bien remplis à base de Master, de stages, de formations et d’années de travail, ponctués par le si ridicule « j’ai 21 ans ». Ou encore des parcours de vie aussi denses que la liste de fraudes des Balkani s’achevant par « j’ai 24 ans ». Un enfant en primaire, l’autre en grande section de maternelle, divorcée puis remariée avec 6 ans de vie commune pour le dernier. C’en serait presque touchant de connerie ! Pour une pratique aussi efficace qu’un autocollant Avast sur une porte d’entrée en guise de répulsif anti témoins de Jéhovah, son succès ne peut qu’intriguer.
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Et de conclure …
… que le plus navrant, c’est qu’avec toute la sincérité du monde, nombreux sont ceux qui ne comprennent pas. Qui ne percutent pas. Ils persistent à vouloir faire coïncider toute les marques du temps et toutes leurs compétences avec un âge ô combien fantasmé. La course à la jeunesse est lancée et c’est pourtant en pleine « guerre du temps qui passe » que l’insulte « gamine » ne cesse d’être utilisée. Drôle de flirte pour une époque ne jurant que par les enfantillages. Le cool est dans la fesse tendue, bombée, dans la langue tirée et les grimaces infantiles. On parle branché, on se fringue tendance et on prie pour que l’illusion opère.
Pour être aimé, soyons vierge d’expérience.
Pour être crédible, soyons novice de responsabilité.
Pour avoir de l’avenir, refusons de grandir.
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J’adore le « Georjyanca », tous ces noms débiles qu’ils se trouvent à la téléréalité (sérieux, qui peut s’appeler Paga ou Adixia – oups j’ai zappé sur TPMP débriefant l’indébriefable)
3615 my life (blague 2.0 vintage), j’ai le « problème » inverse, je rêve qu’on me donne mon âge et pas 5 ans de moins comme c’est monnaie courante, m’assénant des « tu es jeune tu as le temps » ou « c’est une super opportunité pour toi à 23 ans ! » et je parle pas de se faire draguer par des ados… // « HELLOWWW ! J’en ai 28, arrêtez de me demander ma carte 12-25 please ».
C’est bien ce qu’il me semblait que tu avais 8 ans ;p
C’est difficile d’accepter de vieillir.
Mais on peut garder un esprit jeune en ayant un esprit ouvert.
L’expérience a aussi ses avantages.
Ce qui est le plus dur, c’est le corps qui change.
Mais c’est aussi une question de mentalité.
Bisous à toi!
Ah la la, je suis bien d’accord avec toi. Et c’est qu’il change vite le corps ! A partir de 25 ans, on sent malheureusement que la courbe s’inverse … 🙁
Mouahahahaha ! J’en ris, mais à un point ! Bravo, ma belle, c’est terriblement vrai ^_^ Du jeunisme partout, dans le boulot, dans le sport, dans la vie quotidienne… Eh ben, j’approche la quadrature du cercle avec plaisir, moi, parce que mon histoire est de plus en plus riche ! Na ! (oui, je reste un peu gosse, mais bon, c’est sans doute parce que j’en suis entourée, de gosses, justement ^_^ ) Longue vie à tous et toutes !!
Oui oui enfin du jeunisme… dans l’apparence surtout, parce qu’avoir 24 ans, même avec deux masters et un stage (c’est possible, faut juste pas s’arrêter), c’est plutôt un frein pour les employeurs! A tel point que je ne mets plus mon âge sur mes CV… Donc on en revient à ce qu’on disait: ah, le monde est quand même mal foutu.
Ah mais pour le Master, nous sommes bien d’accord puisque c’est aussi mon cas. Non, ce qui ne colle pas, c’est lorsqu’il y a Master … + d’autres trucs, pour genre 21 ans. Mais bon … Fermons les yeux, nous n’avons rien vu. 😉
Autre problème : avoir 31 ans, faire plus jeune que son âge et ne pas avoir d’enfants = se faire rabaisser au travail parce que physiquement on a l’air d’une gamine, pas d’enfants = réflexions du type » non mais toi t’as trop de chance, t’as pas de responsabilités, pas de contraintes » comme si on vivait dans un monde parallèle et/ou enchanté, et bien évidemment on voit tout ce que les autres ne voient pas chez nous et qui nous font sentir qu’on est bel et bien dans la trentaine (corps qui change etc etc…). Au final on se récolte toutes les angoisses d’une trentenaire tout en continuant d’être infantilisée par la société, de quoi finir schizo …
Ah ça, le problème, c’est que l’âge n’est pas le seul élément déclenchant de ce genre de réaction. Moi j’ai aussi connu étant ado le « non mais toi t’es célibataire, tu peux pas comprendre » … Enfin bref, malheureusement, tout est bon pour rabaisser l’autre avec des airs de ne pas y toucher. Et le coup des gosses, heureusement, ma meilleure pote n’en a pas non plus mais sinon, oui, on a vite fait d’être cataloguées dans la case « pas comme nous ».