Comme je l’avais expliqué dans un précédent article, 2016 représente l’année de l’évolution pour mon blog (mais pas trop hein, juste assez pour l’aérer un peu). J’ai donc décidé d’ouvrir mes horizons à mon pote KIAUM (mes horizons j’ai dit … pas mes jambes ! 😉 ), diplômé de Louis Lumière et réalisateur de clips, courts-métrages et autres.

Si vous aviez donc prévu de voir THE REVENANT ce week-end, l’ami KIAUM, lui, s’en est déjà chargé et vous livre ses impressions.

La revue de kiaum

Comment parler de ce film sans parler de son enjeu secondaire. Léonardo DiCaprio allait-il ENFIN recevoir un oscar … on le sait maintenant, il l’a eue sa petite statue, mettant ainsi fin à sa malédiction qui avait fait de lui un « meme » sur le web. Snif … la fin d’une époque.

Si Léo méritait une statuette pour bons et loyaux services, force est de constater que la chose (l’Oscar, soyons d’accord) ne lui avait pas non plus échappée par hasard. Acteur mono-jeu prompt à cabotiner, chialer et gueuler ; s’il a livré de bonnes interprétations (« les infiltrés » , « le loup de wall street ») il se révèle pourtant incapable de céder son identité au profit des rôles qu’il incarne. Ainsi donc, comme pour Martine, on a systématiquement l’impression de voir « Léo à la plage », « Léo dans la jungle », « Léo en Afrique », « Léo à la tête du FBI » et j’en passe, plutôt que des interprétations de personnages divers.

Non, Léo n’est pas de la trempe des caméléons Matthew McConaughey, Michael Fassbender, Daniel Day Lewis, Heath Ledger et autres grandes figures des rôles masculins contemporains qui, chaque fois, nous livrent vraiment AUTRE CHOSE. Pire, il n’est même pas au niveau du brillant Tom Hardy, auquel il a le malheur de faire face dans The Revenant. Et c’est là qu’une terrible injustice vient marquer ce foutoir car à choisir entre Tom et Léo, c’est plutôt Tom qui aurait mérité l’illustre récompense (et ça n’a rien de surprenant puisque lui au moins, dispose d’un vrai rôle dans ce film).
Mais bon, passons, Léo a eu sa récompense à l’usure, ça m’étonnerait qu’il en récupère une autre avant longtemps.

Maintenant pour ce qui est du film. Inarritu nous avait déjà gâté l’an passé avec l’excellent Birdman (film de l’année 2015 à mes yeux), le gars continue sur sa lancée avec un opus tout aussi inventif niveau caméra et doté d’une photographie superbe.
Pour échapper à des indiens vénères, une bande de trappeurs confie son destin au petit Léo qui connaît la cambrousse comme pas deux. Il connait malheureusement bien moins les oursonnes gourmandes qui y rodent. Problème, l’une d’elles croise son chemin et n’apprécie pas sa façon de lui mater l’cul. Elle répand alors ses intestins comme un yop sur toute la foret, dans un plan séquence merveilleux où un type comme moi cache mal son plaisir de voir l’acteur gluant de Titanic se faire éclater avec amour.
Quand ses amis le retrouvent agonisant, ils le rafistolent avec du scotch puis se posent la question de savoir s’il faut ou non, traîner ce boulet sanglant ou l’abandonner pour sauver le reste de l’équipe … thème classique du survivalisme. C’est la confrontation du OUI SAUVEZ MOI (Léo) au NON LAISSEZ LE CREVER (Tom Hardy) qui amène tout le reste du récit.

The Revenant narre donc une épure de trame qui se focalise sur un récit d’ambiance, plutôt que des ressorts scénaristiques alambiqués. On pourra s’inquiéter qu’il n’y ait pas beaucoup à se foutre sous la dent, mais ce serait négliger l’atmosphère immersive recréant une époque où l’homme était brutalement confronté à la nature. On y croit, on y est, par un choix de décors sublime, mais aussi grâce à des trucages ahurissants qui permettent non seulement de présenter une faune plus furax que jamais (l’ours, des loups, des bisons, des élans, des chevaux, etc…) tout comme des combats et blessures incroyablement crédibles qui font mal à voir.
A ce titre, l’introduction où il est question d’une attaque d’indiens est hallucinatoire ! Les flèches se plantent dans les corps comme jamais, effrayant ! Au delà des trucages, le boulot effectué sur les mouvements de caméra est celui qui sidère le plus. Le film enchaîne des séquences où la caméra semble pouvoir tout se permettre. Une liberté qu’on a coutume de voir uniquement dans les films d’animation mais qu’Inarritu parvient à produire ici, on ne sait trop par quel miracle.

Passant sans cut du sol au suivi d’un cheval au galop, pour ensuite traverser une cabane, plonger dans l’eau, tournoyer, survoler une crevasse et même devenir subrepticement subjective au détour d’un plan séquence ; la caméra se pique d’une souplesse qui donne parfois l’impression qu’il s’agit là d’une sorte de drone désincarné pour filmer tout cela comme bon lui semble, alors que … bah non.
Bref, si vous avez l’oeil pour ces questions techniques, vous ferez peut-être une overdose. Dans le cas contraire, vous serez simplement enchantés par la beauté des plans. Maintenant que la messe est pratiquement dite … est-c’que THE REVENANT est un bon film pour autant ? Et bien OUI … et non …

La faute essentiellement à l’incapacité du scénar à imposer ses thématiques principales … non pas du fait de sa simplicité, mais tout bêtement parce qu’elles sont curieusement abordées … voire presque PAS en fait.
Là où Birdman creusait savamment ses personnages au point que même les plus anodins avaient leur part de questionnements troublants, Revenant paraît rêche et confus. Ses trames annexes trop floues dégagent mal leurs enjeux, l’image récurrente de l’arbre dans la tempête ne fait curieusement pas mouche, et ainsi de suite. Pour le dire clairement, on dirait qu’un rouage ou qu’un chapitre manque à l’appel pour vraiment faire fonctionner le récit.
Bizarre donc … mais ce n’est pas de la merde pour autant, loin de là.

Contrairement à ce que Léo a voulu faire croire dans son speech aux oscars il ne s’agit pas d’une fable écolo, mais bien d’un film sur l’humanité et le refus des hommes à se résigner devant une adversité sauvage dont la nature n’est ici que le symbole. Les différentes factions humaines se vautrent au choix dans les petits profits ou dans la vengeance, et d’ailleurs, le seul personnage ayant le bon sens d’abandonner ses rancœurs s’en tire plutôt mal.
Le point de vue pessimiste sur l’homme ici développé, trouve sa source dans la colère sourde de la nature, un monde enragé qui se dévore lui même, où il faut manger ou être mangé.
Léo, qui était là pour incarner ce constat sinistre, n’est pas vraiment l’homme de la situation malgré toutes ses grimaces et ses râles de baleine quand il se roule dans le sang et la gadoue.
Au terme de ce grand exutoire « jusqu’au boutiste » le film se termine par un curieux regard caméra qui semble dire « tout ça pour ça » ou encore « donnez son putain d’oscar à Léo !!! » … je reste néanmoins persuadé que Léo n’avait pas besoin de ça pour en arriver au même résultat, juste foutre son ego de côté et apprendre à incarner des personnages qui ne soient pas LUI. Si vous allez voir le film, vous verrez donc un spectacle superbe techniquement et visuellement, mais dont vous ressortirez peut-être un peu confus, en tout cas n’y allez pas juste pour le roi Léo.

Amen !

revenant

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